Sociologue, philosophe, théologien et poète, Fernand Dumont a marqué la vie intellectuelle du Québec, y contribuant tout particulièrement au renouvellement des études sur la culture. Esprit interdisciplinaire préoccupé par le sort de la culture dans la société moderne, il a tenu à concilier des exigences multiples : celles du professeur attentif à la formation des étudiants, celles du chercheur préoccupé de construire une œuvre cohérente, celles de l’animateur scientifique sachant s’entourer de collaborateurs, celles de l’intellectuel engagé dans la Cité.
Né dans une famille ouvrière de condition modeste, il conserve toute sa vie le souvenir de cette culture populaire d’origine et ressent comme une forme « d’émigration » son accession à la culture savante par ses études classiques et universitaires. Cette expérience de la culture marquera son œuvre théorique, où il conçoit la culture à la fois comme mémoire et comme distance: « Sans la culture, écrit-il, l’homme serait immergé dans l’actualité monotone de ses actes, il ne prendrait pas cette distance qui lui permet de se donner un passé et un futur. » Dumont sera également un analyste attentif et critique de l’évolution de la société québécoise.
Après une maîtrise à la Faculté des sciences sociales de l’U. Laval, il obtient, en 1967, un doctorat en sociologie de La Sorbonne (Paris). Nommé professeur à l’U. Laval dès 1955, il y passe l’essentiel de sa carrière et y soutient, en 1987, un second doctorat, en théologie cette fois-ci.
De 1979 à 1990, il a été président fondateur de l’Institut québécois de recherche sur la culture, intégré à l’Institut national de la recherche scientifique depuis 1993. Parmi ses nombreuses autres réalisations, mentionnons la fondation, avec Jean-Charles Falardeau et Yves Martin, de Recherches sociographiques (1960), une revue interdisciplinaire consacrée à l’étude du Québec et du Canada français; la présidence de la Commission sur les laïcs et l’Église (1968-70) ainsi que sa participation à l’élaboration de la Politique de développement culturel pour le Québec (Livre blanc) en 1978.
L’œuvre de Fernand Dumont est abondante: plus d’une vingtaine de livres, de même que de nombreux articles et entrevues publiées. Parmi ses ouvrages marquants, citons Le lieu de l’Homme (1968) , Les idéologies (1974), L’Anthropologie en l’absence de l’homme (1981), Le sort de la culture (1987), L’institution de la théologie (1987), Genèse de la société québécoise (1993), Raisons communes (1995), Une foi partagée (1996), La part de l’ombre, Poèmes 1952-1995, et ses mémoires, Récit d’une émigration (1997).
Il est fait Officier de l’Ordre national du Québec en 1992.